Le mardi 09 février 2021, le Premier Ministre Hamed Bakayoko a accordé une audience au Secrétaire exécutif du PDCI-RDA, Maurice Kakou Guikahué accompagné du Pr Niamkey Koffi, Secrétaire exécutif par intérim du parti. Les échanges ont porté sur le dialogue politique mais aussi sur les gestes de décrispation du climat politique notamment à travers la libération des prisonniers et la création d’un cadre de dialogue entre les ‘‘ trois grands leaders ’’ politiques, Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.
Si les rencontres entre les acteurs politiques sont à saluer en ce qu’elles contribuent à l’apaisement du climat sociopolitique à l’approche des législatives, il n’en demeure pas moins qu’elles soulèvent des interrogations sur des questions de fond qui semblent avoir été marginalisées. Parmi elles, figure la question de l’impunité. En effet, à la suite des crises pré et post-électorales de 2020 qui ont fait officiellement 85 morts et 484 blessés, peu d’efforts jusqu’ici, ont été fournis en vue de faire toute la lumière sur les évènements survenus et de situer les responsabilités. Comme un cycle appelant au même cirque, les acteurs politiques au gré des jeux d’alliance qui se font et se défont, immolent l’unité nationale et la cohésion sociale sur l’autel de leurs ambitions. Les arrestations et poursuites engagées contre des présumés auteurs d’exactions se heurtent aux libérations obtenues soit à la suite d’accords politiques soit suite à de nouveaux développements politiques.
Cette curieuse coïncidente entre l’actualité politique et l’actualité judiciaire contribue à nourrir les craintes que les procédures judiciaires ne connaissent jamais d’aboutissement et que les responsables des crimes commis restent inconnus et impunis. Au final, les victimes des différentes crises sont les grandes laissées pour compte de ces « arrangements politiques » supposés servir la cause de la réconciliation mais qui, à l’analyse, portent les germes de crises futures. En témoigne l’adoption d’une série d’amnistie en 2000, 2003, 2007 et 2018 qui n’a pas pour autant épargné à la Côte d’Ivoire les événements meurtriers qu’elle a connus lors des précédentes élections.
Pour l’OIDH, les mêmes causes entrainant les mêmes effets, il est impérieux de ne pas judiciariser les problèmes politiques et politiser les problèmes judiciaires mais plutôt d’opter pour des solutions durables dans la résolution des crises en mettant au cœur de chaque action le souci de l’intérêt général et l’impératif d’une justice équitable pour apurer les passifs des conflits passés.